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QUAND UN BOURBONNAIS PREND " DE LA  HAUTEUR"...

Même si c’était là une de ses spécialités initiales, certainement que rien ne destine notre belle race à œuvrer exclusivement sur la caille en migration dans la région bourbonnaise. Nombreux sont en effet ceux et celles qui démontrent depuis longtemps que nos très appréciés braques s’adaptent à divers biotopes, sous diverses latitudes et dans divers pays … mais la montagne reste un univers un peu exigeant, qui peut plus rapidement que d’autres user chiens et maîtres … et où le gibier se mérite au moins autant qu’ailleurs si ce n’est un peu plus, en toute modestie (de la part du chien et du maître).

 

 

 

    

 

 

 

 

                                     

 

 

 

 

 

 

LES ALPES DANS LEUR SPLENDEUR

 

Les trois bourbonnais qui se sont succédé à la maison (affixe des Gorges de Franchard, puis du Pontel de Maïcou, et enfin du Bécassier de la Bresse) ont toujours été des compagnons de famille en plus d’être des chiens de chasse : tous ont partagé les moments de sieste récupératrice pour la paire chien-maître, parfois dans le même canapé bien sûr … cette race est aussi agréable à vivre en action qu’au quotidien !  C’est ce qui explique peut-être qu’on a eu que 3 bourbonnais en 30 ans … et que l’expérience ici relatée est ainsi très modeste ! Le propos ne prétend donc pas avoir force de généralité péremptoire, mais plutôt constituer un

Même s’il leur a été donné de croiser des coqs de bruyère et parfois des lagopèdes alpins, les journées de chasse de mes bourbonnais à la bonne saison ont le plus souvent été remplies par la quête de la mordorée, en moyenne montagne, c’est-à-dire entre 600 et 1300 mètres d’altitude : au-dessus, les remises à bécasses sont peau de chagrin (cf. photo 1, paysage global du balcon Est du Vercors). L’air de rien, ça veut dire de la pente et du dénivelé positif cumulé (D+) par le chien en action de chasse, à un point tel que ça ferait pâlir d’envie nombre de sportifs montagnards de haut niveau ! Quand le maître est déjà content d’avoir fait 1000 mètres de D+ en une matinée de chasse, le chien a certainement fait le triple au moins si ce n’est bien plus …. La cavité thoracique particulièrement développée du bourbonnais, son rein plutôt court, et sa musculature postérieure naturellement forte sont autant d’atouts franchement sollicités. Une matinée de chasse en montagne à un rythme soutenu comme leur passion spontanée de la quête les incite à maintenir, dans ces biotopes exigeants, équivalent probablement à une fatigue d’une très grosse journée en plaine. Cumulées pendant souvent 10 ans d’efficacité et de passion, tant cette race peut être précoce (tous mes bourbonnais ont arrêté leur première bécasse largement avant l’âge d’un an), les journées de quête en altitude usent naturellement l’organisme. Quelle que soit la race utilisée d’ailleurs, beaucoup recourant à des braques allemands ou des setters, on voit très vite que ces sujets trapus, pas trop lourds ni trop grands de squelette, vieillissent bien mieux. Là encore, la conformation générale des bourbonnais, véritables petits condensés d’énergie, les aide à mieux encaisser sur le long terme.

 

 

 

 

 

 

 

                                   

 

 

 

 

 

 

 

 

  SIRIUS DU BECASSIER DE LA BRESSE

 Arrêt sur Trétras Lyre

Globalement la quête se déroule toujours un peu de la même façon : selon les conditions météorologiques (précocité de la neige, vents dominants) il faut choisir de visiter les remises qui combinent une accessibilité pas trop ardue tout en étant pas non plus trop faciles d’accès sous peine de se retrouver en concurrence avec les autres bécassiers plus aguerris ou connaissant mieux le terrain. Dans une ACCA d’environ 100 chasseurs exerçant sur 2000 Ha dont seulement la moitié boisée, ne serait-ce que 4 à 6 bécassiers assidus ont vite fait de se croiser….

En début de saison de passage, les oiseaux sont assez haut, souvent remisés dans des zones ingrates à chasser : les anciens couloirs d’avalanches, recolonisés par des taillis de noisetiers bien denses, et dont le sol est fait de rochers et de blocs enchevêtrés de tailles variables, recouverts de diverses strates végétales, arbustives, qui ont tôt fait de rendre la progression usante pour les articulations (du chien et du maître) ; les arrêts sont parfois hasardeux, fugaces, au détour d’un microrelief tourmenté qui dévie les effluves, et les conditions de tir peu optimales : ça ressemble un peu à ce que serait du tir de bécassine mais en sous-bois touffu, pentu, et au sol irrégulier ! Plus tard, quand la neige arrive, les oiseaux descendent se remiser dans des biotopes plus classiques où leur quête est moins compliquée (quand elle est permise bien sûr selon le taux d’enneigement de la commune).

 

 

 

                                                               

 

 

                             

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SIRIUS ET SA PREMIERE BECASSE (  à 5 mois 1/2)

Entre ces deux extrêmes, les mordorées peuvent se trouver aux abords des prairies enclavées et plus ou moins pâturées donc entretenues, parfois colonisées de framboisiers sauvages, et souvent un peu disséminées entre de    grandes portions de bois pentus de mélèzes, de sapins ou d’épicéas. Les hêtraies humides d’altitude, et leur sous-bois parfois dense fait de grands houx, ou de petits érables et aulnes en régénération suite à des chablis, constituent aussi de jolis biotopes à chasser : la quête active du bourbonnais y est toujours un peu plus visible qu’ailleurs, et on peut savourer tous ces petits moments où le chien donne un coup d’œil en arrière pour vérifier qu’on arrive à suivre …. Ce qui n’est pas toujours le cas ! C’est d’ailleurs là un vrai enjeu, particulièrement avec des chiens jeunes et fougueux, dont les pattes vont parfois plus vite que la truffe ne le leur permettrait : le maître doit lui aussi s’entretenir une condition physique à la hauteur. Mais très vite, le bourbonnais est attentif à là où est son maître : il comprend, dès après ses toutes premières expériences, que la chasse ça se pratique à deux pour avoir une chance d’être couronnée de succès. Le petit dernier arrivé à la maison (Sirius, merci Savinien !), après s’être déclaré sur quelques faisans reliquats de la saison de chasse précédente, a eu besoin de seulement six sorties en conditions réelles pour réussir la combinaison gagnante « trouver la bécasse, arrêter la bécasse, … rapporter la bécasse » (parce que chez cette race le rapport est naturel, une autre qualité) … le tout à moins de six mois d’âge !

En montagne, et même si cette race à le pied naturellement très sûr, Il faut quand même aussi penser à veiller à la sécurité de son compagnon à quatre pattes et éviter des endroits trop scabreux. Il n’y a pas que les petites barres rocheuses disséminées en sous-bois qui peuvent être piégeuses. Il m’est arrivé de récupérer de justesse le chien, qui avait voulu poursuivre un oiseau manqué, en traversant le pied gorgé d’eau d’une portion de pente nue, faite de sable de schistes ardoisiers humides en décomposition, et qui avaient constitué à la base de vrais « sables mouvants » gris-noirs, dans lesquels j’ai bien cru voir disparaitre mon compagnon !

Bien sûr ce sont là des situations d’exception, et le bonheur est quand même la plupart du temps au rendez-vous : pas forcément celui de prélever beaucoup d’oiseaux (les grands couloirs de migration   de la bécasse et les conditions optimales de chasses sont ailleurs …), mais presque tout le temps celui de parcourir des paysages magiques, avec quand même des occasions de tirs, certainement plus souvent couronnées de succès pour mes collègues bécassiers plus émérites que pour moi, mais mes chiens n’ont jamais été rancuniers envers mes ratés … je crois qu’ils ont de toute façon toujours été heureux à parcourir la montagne, certainement plus les jours avec un oiseau en bouche que ceux sans,  évidemment, mais l’effort de la quête les a toujours grisés : voir son bourbonnais développer toute sa puissance dans des biotopes où soit même on se traîne franchement en comparaison … je me suis toujours demandé si ça ne les rendait pas, eux aussi, heureux !  

 

  Eric MARBOUTIN      

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